J'ai longtemps pensé que je pouvais tout dire, et que quoi que je pense, quoi que je fasse, l'opinion qu'ont certaines personnes de moi ne changerait jamais.
Seulement, davantage maintenant qu'avant et pendant le trouble, je ressens de curieux malaises dans mes conversations. Je n'arrive pas encore à saisir ce dont il s'agit. Je crois sincèrement qu'avec certains, j'étais sur une meilleure longueur d'ondes quand je m'efforcais de leur plaire et que je taisais un peu trop qui j'étais. Plaire à tout le monde, à n'importe quel prix. Prétendre aimer telle ou telle chose, vivre telle ou telle émotion et s'oublier quelque part entre telle ou telle opinion.
Même si je ne l'adoptais pas volontairement, j'endosse pleinement aujourd'hui la responsabilité de cette attitude. À cause d'elle, j'ai entretenu pendant de nombreux mois, voire des années, de faux rapports avec les gens; des rapports basés en partie sur une personnalité qui ne m'était pas entièrement fidèle. J'en vis aujourd'hui certaines des retombées. Révéler ma vulnérabilité, ouvrir le grand livre de mes chagrins et en raconter tous les chapitres sans hésitation ni censure sont des actions que je ne regretterai jamais avoir prises, car sans elles, je ne m'en serais pas sortie. En revanche, ces mêmes actions rendent incertaines la crédibilité et la confiance que l'on m'accorde quant à ce qui me concerne directement : ma santé (mentale, surtout), mes intérêts, mes réflexions, mes opinions. Un doute s'installe dans les yeux de plusieurs... Est-elle sincère? Va-t-elle bien? Sait-elle vraiment dans quoi elle s'embarque et de quoi elle parle? Me joue-t-elle la comédie? Quel genre d'activité est-ce cela?
Et si à l'origine de ces questionnements se trouvait celle que je n'ai jamais osé dévoiler? Celle que j'ai enfouie par peur de toutes ces questions muettes? Aujourd'hui, je le vois bien qu'il n'est pas facile d'être soi-même, de croire en soi et en la valeur que l'on porte. C'est la vérité parfois qui choque. Je ne suis pas prête à ignorer de nouveau qui je suis. Pas question, alors qu'ils causent toujours...